Prêtre et soldat, hommage à Jean-Marie OVIGNEUR

Prêtre et soldat, hommage à Jean-Marie OVIGNEUR

Jean-Marie Ovigneur, prêtre et soldat.

Né le 6 août 1912 à Lille, au sein d’une famille où servir n’est pas un vain mot, Jean-Marie Ovigneur n’allait pas manquer ni à son devoir, ni à l’Honneur. Très attaché à la foi catholique, il fut scout de France avant de rejoindre le séminaire et d’être ordonné prête le 06/06/1938.

Mobilisé en 1939, comme beaucoup de ses jeunes compatriotes, il sera versé dans la cavalerie avec le grade de lieutenant au sein du 509ème  régiment de chars de combat dont sera issu le 25 BCC dans lequel Jean-Marie servira et au sein duquel il tombera pour la France le 06/06/1940.

Début juin 1940, le 25 BCC équipé de H39, fait mouvement depuis l’Oise (secteur de Creil) vers le secteur de Roye en passant par Pont Sainte-Maxence. Au cours de la nuit du 5 au 6 juin, le 25 BCC est engagé dans et autour du petit village samarien de Champien.

Le témoignage du Lieutenant Malicot, qui s’est battu aux côtés de Jean-Marie à Champien, ne laisse aucun doute sur la violence des combats qui s’y livrèrent : « Le soir du 5 juin, il (Jean-Marie, fidèle à ses vœux de prêtre) devait nous confesser. Cela sentait mauvais et cela semblait chic de sceller nos camaraderies dans le geste de confiance et de foi. […] Le matin de l’attaque, nous étions plus ou moins préparés par des missions différentes, assez abrutis par plusieurs nuits sans sommeil. Nous avons peu parlé, il semblait fatigué. Dans l’après-midi, j’ai eu à me rapprocher de lui, car nous nous efforcions de placer les chars commodément sous une attaque d’avions. Plus tard, je vins placer mon char à côté du sien. Nous échangions sans descendre à terre nos impressions par la porte de la tourelle. Il était alors d’un calme superbe, confiant, souriant. Je ne doute pas qu’il se soit bien battu et qu’il eut le temps d’utiliser son bon canon. Nous étions presque tous à découvert et les boches tiraient abondamment [et] des stukas qui s’acharnent. Le capitaine me dit qu’il fallait tenir 2 heures. Je reste là et place mon char entre 2 fermes. Il est à peu près 5 heures. Le village est sérieusement sonné. Je ne vois pas les autres chars, mais quelques instants après, les chars allemands arrivent en masse. Vers 7 heures [le 6 juin], j’ai décroché avec un blessé et mon char est démoli ».

C’est au cours de cet engagement que le Lieutenant Ovigneur a trouvé la mort au service de la Patrie ainsi que plusieurs de ses camarades du 25 BCC qui durement éprouvé laissa sept de ses chars sur le champ de bataille : le 51452 classé disparu, 51473 char et équipage portés disparus, le 51565 trop endommagé son équipage l’incendia, le 51582 incendié par un canon antichar, le 51610 détruit au combat, le 51615 détruit par une attaque aérienne et le 51617 incendié par un tir ennemi.

Nul doute qu’au cours de cet engagement Jean-Marie aura fait preuve du même courage qui lui avait valu d’être cité à l’ordre du bataillon en ces termes : « Chef de section résolu qui avec toute son unité a participé aux opérations des 14 et 15 mai. Au cours d’un repli difficile ayant du saborder son char en panne, s’est remis au plus tôt à la disposition de son commandant d’unité en lui ramenant le reste de la colonne ».

Tombé à Champien où une stèle rappelle son héroïsme et celui de ses camarades, Jean-Marie repose au carré militaire du cimetière de la Madeleine, on peut d’ailleurs noter une erreur sur sa croix indiquant 27 BCC en lieu et place du 25 BCC.

80 ans après sa mort, et alors que pour beaucoup cette date n’évoque que l’opération Overlord, Maxence et Sylvain membres de l’association 14-18 en Somme sont allés, en tenue de dragon porté pour l’un et de tringlot pour l’autre, rendre hommage et honneurs à Jean- Marie Ovigneur.

Nous associons à cet hommage, le sergent Harter de la classe 1933/1 et qui lors des combats de ce 6 juin 1940 appartient à la 3ème compagnie avec la mission de ravitailler les chars. Le 6 juin, entre Roye et Amy, il est victime d’une attaque de stukas. De son side-car, il est extirpé blessé, la jambe droite criblée d’éclats. A ses côtés, tombent un sergent de nombreux chasseurs de sa section. Il sera cité à l’ordre de la division.

 

Egalement engagé dans ce combat, les éléments à cheval du 34ème GRDI vont aussi y payer le prix du sang. Les cavaliers Ambiehl Louis, Azéma Marcel, Bosinello Emile, Combes Joseph, Scompigli Séraphin, Teissier Roger et Vincent Louis vont trouver leur dernier repos dans ce petit bourg du Santerre. Le cavalier Azéma y gagne une citation pour son action et son abnégation: « Azema Marcel, 1ere Classe, incarnant les plus belles qualités du parfait cavalier français, a fait preuve d’un splendide courage le 6 juin 1940 au combat de Champien (Somme). Mortellement blessé, a refusé les premiers soins qu’on lui donnait en disant : « Ne vous occupez pas de moi et sauvez mon lieutenant ». A partagé le destin de son officier dans la même mort glorieuse».

 

Pour clore ce chapitre de notre Histoire et rappeler que l'Eglise de France a su faire son devoir pour la Patrie, nous rappellerons qu'au moment où tombé l'abbé Ovigneur pour la France, un autre homme d'église, tombait non loin de là dans le village de Rethonvillers:  l’abbé Jacques Marie Lantelme, brigadier au 34e GRDI. Exerçant son ministère à Marseille, sa mort lui vaut d'être cité: "Magnifique figure de prêtre et de soldat. Après avoir dépenser sans compter sa belle intelligence et son grand cœur au service de la France et de ses camarades, a donné le 6 juin 1940 au combat de Rethonvillers, dans l’accomplissement de son devoir de soldat, sa vie que, dès le début, il avait offerte à la Patrie".

 

Je remercie très chaleureusement Thomas Ovigneur qui m’a autorisé à utiliser les photos et archives de sa famille concernant son héroïque aieul. J’adresse les mêmes remerciements à Jean-Gabriel Harter qui n’a pas hésité à partager avec moi les faits concernant son grand-père le sergent Harter.

 

 

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