La tranchée aux livres

Il va s'agir ici de présenter les impressions d'élèves de 1ere ayant lu des ouvrages (témoignages ou romans) ayant trait à la Grande Guerre. Ne pouvant garantir que ces lecteurs occasionnels n'ont pas eu recours au net pour rédiger leur comte-rendu de lecture, par avance je prie tous ceux, qui auraient pu être "pillé"  via le net, de les en excuser, de m'en excuser. Par la suite, j'enrichirai cette page de mes lectures. Et si certains le souhaitent nous y accueilleront vos impressions et conseils de lecture. En rouge, des compléments apportés par mes soins.

 

J'étais médecin dans les tranchées de Louis Maufrais par Benjamin S.

Dans ce livre, Louis Maufrais raconte sa guerre qui est celle d'un médecin militaire oeuvrant au plus près des lignesdans les ambulances. C'est en février 1915, que Louis prend part à sa 1ère grande bataille ce sera l'Argonne, puis Verdun, puis la Somme. Partout où des hommes souffraient, Louis Maufrais a cherché à les soulager, à sauver leurs vies meutries, broyées.

Dans ce témoignage, Maufrais raconte l'horreur au quotidien  sans rien en cacher, il décrit tout des blessures mais aussi il dit l'amitié entre les hommes face à l'horreur ce qui sûrement a permi à tous de tenir. Il en montre aussi le fait que l'on s'y habitue comme en témoigne la photo de l'ambulancier tué devant son abri et dont il photographie le corps sans vie aux jambes arrachées.

J'ai vraiment apprécié de lire cette oeuvre car elle est vraie et en plus illustrée des photos de Maufrais (à ce propos l'édition pour France Loisirs est à éviter la qualité de reproduction des photos est très, très décevante pour ne pas dire médiocre).

 

Capitaine Conan de Roger Vercel par Julien H.

Né en 1894, Roger Vercel est d'abord, pour des raisons de santé, envoyé au front comme brancardier. Ses qualités intellectuelles lui vaudront d'être envoyé à saint-Cyr d'où il sortira sous-lieutenant. Il prendra part aux batailles de l'Yser et de la Somme avant d'être envoyé sur le front d'Orient. Ce n'est qu'en 1919 qu'il y sera démobilisé. De cette expérience du feu, il fera Capitaine Conan, roman qui lui vaut le prix Goncourt en 1934.

Cette oeuvre nous plonge dans le quotidien de ceux qui livrèrent une guerre plus féroce et brutale que la masse des combattants du front, les hommes des groupes ou corps francs spécialisés dans les coups de main, la guerre d'embuscade, celle où l'on se bat d'homme à homme au corps à corps. Ce roman nous livre une description dure et précise de la guerre sur le front roumain face aux Bul': le froid, la faim, la peur des blessures, l'ennui. Description d'autant plus efficace que le récit est fait à la 1ère personne, faisant ainsi du lecteur un quasi-acteur de ce qu'il lit. Au fur et à mesure des pages qui défilent l'écrivain nous livre une guerre sans pitié pour l'ennemi ou pour les faibles (cf le procès du jeune déserteur). Conan personnage central de l'oeuvre incarne bien la fraternité des armes née dans les tranchées, protecteur pour ses hommes dont il couvre les excès il n'est que mépris et indifférence pour les autres planqués ou "pékins".

Autre aspect intéressant de ce livre, le fait d evoir comment la guerre a pu transformer des hommes ordinaires, Conan personnalité a priori insignifiante que transcende la guerre et le combat en guerrier, des membres du groupe franc devenu des "machines à tuer" qui finiront par attaquer des civils ou encore ce jeune soldat, Erlane, issu d'un milieu bourgeois et que la guerre transforme en un être lâche et misérable. A travers tout cela c'est aussi l'avenir de ces hommes une fois la paix revenue qui est posé. peut-on redevenir Monsieur tout-le-monde après avoir vécu l'horreur de la guerre?

L'edition Magnard offre en plus du roman des extraits de journaux tenus par des soldats qu'on peut comparer au texte de Vercel.

Bien évidemment en complément de cette lecture, en voir l'adaptation cinématographique par B. Tavernier est très fortement conseillé ne serait-ce que pour 'linterprêtation du génial Ph. Torreton qui incarne un Conan extraordinaire, homme simple plongé dans le creuset de la guerre et qui en ressort marqué à vie. De ce point de vue, la fin du film dans le troquet breton est pour moi le meilleur moment du film. .

 

Les carnets de guerre de Louis Barthas par Guillaume D.

Il s'agit du récit de la vie du soldat Louis Barthas. Né en 1879, Barthas exerce le métier de tonnelier, syndicaliste soucieux de l'amélioration de la condition des plus humbles il est également très sensible au pacifisme de Jaurès eu aux écrits de Marx. Malgré cela, il rejoint son régiment,le 280 RI de Narbonne, sans hésitation et il y  fera, comme caporal, toute la guerre (Verdun, la Somme, le Chemin des Dames), dont il reviendra physiquement épuisé, moralement désabusé et renforcé dans ses convictions socialistes et pacifistes.

C'est un très bon témoignage car il nous permet de voir la guerre au plus près de ce qu'en ressentait les soldats. Barthas raconte son histoire et celle de ses camarades sans rien omettre, sans accentuer ou minimiser de sa mobilisation jusqu'à la fin des combats. Barthas c'est rendre concrèter aussi bien la médiocrité des conditions de vie dans les trnachées que l'horreur des combats, jusqu'à vous donner l'impression d'être plongé au coeur de la guerre et de sa folie. Autre intérêt de ce témoignage, le fait qu'il s'agisse d'un récit au jour le jour, vous entraine au plus près du quotidien des hommes dont vous croisez le chemin au fil des mots de l'auteur. Histoire de guerre, ces carnets sont aussi une d'histoire d'homme soudés par les difficultés rencontrées, par l'amitié forgée sous le feu et renforcée par la même envie de voir tout cela cessait pour pouvoir rentrer chez eux et reprendre leur vie d'avant comme si rien n'était arrivé ou presque. D'ailleurs, démobilisé, Barthas s'empressera de retourner dans son village reprendre ses activités de tonnelier. Comme si la guerre n'avait été qu'une parenthèse. . .

Enfin, autre intérêt, Barthas ne se contente pas de raconter la guerre, il en livre aussi une lecture critique lorqu'il dénonce la lourdeur et l'incurie du commandement, les petites et les grandes injustices subies par des hommes qui plus que tout voulaient la paix, ou lorsqu'il parle du ras-le-bol des soldats sacrifiés pour une guerre faite au profit des "gros" et des puissants.

 

La peur de Gabriel Chevallier par Marine D.

Mobilisé dès 1914, Gabriel Chevallier (né en 1895) sera blessé en 1915, sa convalescence est d'ailleurs évoqué dans cet ouvrage de façon assez crue, avant d'être renvoyé au front pour le reste de la guerre. Publié en 1930, ce roman autobiographique verra sa publication suspendue en 1939 ave cl'accord de son auteur soucieux de ne pas nuire au moral des Français. Il est vrai qu'il s'agit d'un texte violemment anti-militariste et pacifiste dénonçant l'absurdité de la guerre, l'horreur des combats, l'incompétence du corps des officiers et l'hyprocrisie consistant à parer des vertus du courage et du sacrifice consenti la geste de ces hommes qui surtout connaissaient la peur qui a donné son nom au livre.

Ce récit raconte de façon littéraire ce qu'ont vécu les soldats durant  la 1ère guerre mondiale à travers l'histoire du narrateur très largement inspirée de celle de l'auteur. C'est pourquoi on peut parler de roman autobiographique.

L'ouvrage de Chevallier nous donne beaucoup de précisions sur la vie dans les tranchées: le bruit, l'odeur des corps en putréfaction,...  mais aussi sur la façon dont ces hommes lorsqu'ils étaient renvoyés à l'arrière (lors de la convalescence du narrateur) se trouvaient confrontés à la vision héroïsante de la guerre vue par les civils alors qu'eux combattants n'y voyaient qu'une souffrance et une peur immense. On retrouve là une fracture souvent constatée dans les témoignages des soldats.

Au début, le narrateur explique que pour lui faire la guerre était une obligation juste pour voir ce qui s'y passe et parce que somme toute sa génération y avait été préparée. mais très vite ce qui va s'imposer c'est la peur: celle de mourir, celle de souffrir. Peur qui vous prend et ne vous lâche plus et qui fait que finalement la princiaple occupation se résume à rester en vie le pus longtemps possible.

Dans son oeuvre, Chevallier donne aussi à voir le ressentiment de la troupe face à des officiers odieux et médiocres, certains soldats avouant même qu'ils prendraient volontier plaisir à les tuer, eux, plutôt que les pauvres types d'en face.

Au final, je dirai que c'est une oeuvre touchante que j'ai eu "plaisir" à lire car rapportanrt le plus précisemment possible la vie et la souffrance de ces hommes, et que ce livre leur rend hommage.

 

A l'Ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarque par Ophélie W.

Né en 1898, Remarque est incorporé en 1916 avant d'être blessé en juillet 1917. Il sera démobilisé en 1919 et à cette occasion choqué par l'expérience du front il refusera toute médaille et tout honneur militaires. De son expérience, il publiera en 1928 un roman pacifiste A l'ouest rien de nouveau qui sera interdit par les nazis qui en feront brûler les exemplaires déjà parus.

A travers le récit de la guerre vécu par Pau Baumer, le héros du livre, c'est de lui que semble parler Remarque. Dès les premières pages, l'auteur nous montre l'horreur de la guerre qui a conduit des classes entières de jeunes hommes à s'engager sous l'impulsion de professeurs agés donc dispensés de front mais rêvant de gloire militaire! Il nous livre aussi la vision de la brutalité de la guerre que ce soit à travers le personnage d'IHimmelstoss ou la description des corps réduits en charpie par la mitraille ou de joueurs de kat pulvérisés par un gros obus alors qu'ils sont à l'arrière.

Le livre aborde aussi deux questions centrales: l'incompréhension qui existe entre les "héros du front" et les civils de l'arrière, c'est très amer que Paul Baumer rentre de permission car à l'arrière alors qu'il veut l'oublier on ne lui parle que de la guerre; Remarque soulève la question du retour à une vie normale d'hommes très jeunes à peine sortis du lycée jetés dans la guerre et qui à leur retour devront apprendre à vivre dans une réalité très différente de celle des tranchées. C'est d'ailleurs cette difficulté qui poussera nombre de jeunes anciens combattants allemands à rejoindre les rangs des Freikorps ou de la SA pour y retrouver un peu de cette fraternité des armes née des dangers partagés qui apparaît en filigrane dans ce roman.

 

La grande permission de Ernst Wiechert

Né le 18/05/1887, Ernst Wiechert exerce le métier de professeur lorsqu'éclate la guerre. Incorporé puis blessé,il en tire la matière de son roman La grande permission. On y retrouve des thèmes récurrents dans l'oeuvre de Wiechert: le mysticisme et l'amour de la nature tous deux hérités du romantisme allemand.

La grande permission raconte la guerre de "l'escouade Karsten". On y trouve des similitudes avec le roman de Remarque notamment pour la 1ère partie décrivant le drill brutal  auquel sont soumis de jeunes hommes ayant volontairement choisi de s'engager et qui se trouve face à l'absurdité  et à l'autoritarisme du militarisme prussien ici incarné par le caporal Hasenbeim véritable pendant de l'Himmelstoss de Remarque!

Elle raconte aussi l'horreur et la brutalité de la guerre, de même que la camaraderie du feu, c'est bien ainsi qu'il faut lire le voyage à travers les lignes de Jean et Oberüber ramenant à sa mère le corps de leur ami Percy tombé au combat et à qui ils promirent de l'enterrer en terre amie.

On y retrouve aussi le "malentendu" soldats/civils à travers la rencontre de Jean et de l'infirmière qui soigne sa blessure. Elle croit soigner des héros, elle réalise alors qu'elle soigne des hommes qu'on renverra ensuite au front, "des larmes vinrent aux yeux de la jeune infirmière [...] ils meurent là-bas".  Ce livre anticipe aussi les difficultés que rencontreront les grands mutilés à travers la figure de Bonekamp le professeur de violon dont la manche gauche est désormais vide... ou encore Klaus qui a perdu ses jambes...

Paru en 1931 alors que le mouvement nazi était en pleine ascension ce roman antimilitariste et pacifiste désignait Wiechert comme un opposant aux partisans de Hitler. Ayant en 1938, publiquement, dénoncé l'Anschluss il sera envoyé quelques mois à Buchenwald dont seule sa notoriété d'écrivain reconnu lui permettra de sortir non sans devoir s'engager à ne plus critiquer le régime. Bien entendu, La grande permission ne sera plus diffusée sous le nazisme.

 

Dans ma peau de Guillaume de Fonclare

Un livre qui se lit vite, qui se lit bien et qui nous offre une intéressante réflexion sur le souvenir, la mémoire de la grande guerre en même temps qu'une grande leçon de dignité.